Le Viaduc des Fades se dresse majestueusement au-dessus des gorges de la Sioule, dans le Puy-de-Dôme. Construit entre 1901 et 1909, cet ouvrage d’art exceptionnel de 132 mètres de hauteur fut longtemps le plus haut pont ferroviaire d’Europe. Fermé au trafic ferroviaire depuis 2007, il continue de fasciner par sa prouesse technique et son histoire singulière. Découvrez l’épopée de ce géant du patrimoine industriel français, de sa construction audacieuse à sa renaissance touristique actuelle.
Un ouvrage monumental et une prouesse de l’ingénierie ferroviaire

Le Viaduc des Fades représente un chef-d’œuvre du patrimoine industriel français. Sa silhouette imposante traverse les gorges de la Sioule sur une longueur de 470 mètres, défiant les lois de la gravité avec ses arches métalliques élancées.
À quoi devait répondre la construction du Viaduc des Fades au début du XXe siècle ?
Au début du XXe siècle, la France développait activement son réseau ferroviaire pour désenclaver les régions rurales. Le Viaduc des Fades s’inscrivait dans la ligne Lapeyrouse-Volvic, reliant le nord et le sud du Massif central. Cette liaison ferroviaire visait à faciliter le transport du charbon des mines de Commentry vers les centres industriels, tout en ouvrant l’Auvergne aux échanges commerciaux.
Les gorges profondes de la Sioule constituaient un obstacle naturel majeur. Les ingénieurs devaient franchir une vallée de plus de 130 mètres de profondeur, nécessitant une solution technique innovante pour l’époque.
Quelles innovations techniques distinguent le Viaduc des Fades dans l’histoire des ponts européens ?
Le viaduc se distingue par plusieurs innovations remarquables :
| Innovation | Caractéristique |
|---|---|
| Hauteur record | 132 mètres au-dessus de la Sioule |
| Structure mixte | Piles en maçonnerie et tablier métallique riveté |
| Portée exceptionnelle | Arche centrale de 144 mètres |
| Technique de construction | Assemblage par rivetage à chaud |
L’emploi conjugué de la maçonnerie pour les piles et du métal pour le tablier illustrait parfaitement la transition technologique de l’époque. Les 4 000 tonnes d’acier utilisées provenaient des aciéries de la Loire, témoignant de l’industrie métallurgique française florissante.
Vie quotidienne et anecdotes autour du chantier, entre défis humains et exploits
Le chantier du Viaduc des Fades mobilisa près de 650 ouvriers pendant huit années. Ces hommes, venus de toute la France, établirent un véritable village temporaire près du site. Les conditions de travail s’avéraient particulièrement difficiles : travail en hauteur, intempéries, et techniques de construction périlleuses.
Une anecdote marquante relate qu’un ouvrier riveteur, surnommé « Dédé des hauteurs », réalisait ses assemblages sans harnais de sécurité, se déplaçant avec une agilité légendaire sur les poutrelles métalliques. La solidarité ouvrière s’exprimait également par un système d’entraide lors des accidents, malheureusement fréquents à cette époque.
Entre exploit technique et patrimoine régional
Au-delà de ses performances techniques, le Viaduc des Fades a profondément marqué l’identité auvergnate et continue d’inspirer artistes et visiteurs.
Quel impact le viaduc des Fades a-t-il eu sur la vie régionale du Puy-de-Dôme ?
L’ouverture du viaduc en 1909 transforma radicalement l’économie locale. Le transport du charbon de Commentry vers Clermont-Ferrand s’accéléra considérablement, réduisant les coûts et les délais. Les agriculteurs de la région purent écouler plus facilement leurs productions vers les marchés urbains.
Le tourisme thermal de Vichy bénéficia également de cette nouvelle liaison, permettant aux curistes parisiens de rejoindre plus rapidement leur destination. Les communes traversées, comme Saint-Priest-des-Champs, connurent un développement économique notable grâce aux emplois générés par l’exploitation ferroviaire.
Le viaduc dans la culture populaire et ses traces dans la mémoire collective
Le Viaduc des Fades inspire depuis plus d’un siècle poètes, écrivains et photographes. L’écrivain auvergnat Henri Pourrat évoquait dans ses récits cette « cathédrale de fer » dominant la vallée sauvage. Les cartes postales du début du XXe siècle popularisèrent son image dans toute la France.
La tradition orale locale conserve de nombreuses légendes, notamment celle du « gardien fantôme » qui veillerait encore sur l’ouvrage les nuits de brouillard. Ces récits témoignent de l’attachement profond des populations locales à ce monument exceptionnel.
De l’apogée à la fermeture : restauration, défis et avenir du Viaduc des Fades

Depuis sa fermeture ferroviaire, le viaduc entame une nouvelle page de son histoire, orientée vers la préservation patrimoniale et la valorisation touristique.
Pourquoi le viaduc a-t-il été fermé à la circulation ferroviaire, et quand cela s’est-il produit ?
La fermeture du Viaduc des Fades à la circulation ferroviaire intervint en 2007, résultant de plusieurs facteurs conjugués. La diminution drastique du trafic voyageurs sur la ligne Lapeyrouse-Volvic rendait l’exploitation économiquement non viable. Les coûts d’entretien d’un ouvrage centenaire s’avéraient particulièrement élevés, nécessitant des interventions spécialisées coûteuses.
La SNCF privilégia alors la maintenance des axes principaux, délaissant progressivement ces lignes secondaires. Depuis la fermeture, Réseau Ferré de France puis SNCF Réseau assurent un entretien minimal pour préserver la stabilité structurelle de l’ouvrage.
Quels sont les principaux projets de valorisation ou sauvegarde autour du Viaduc des Fades ?
Plusieurs initiatives émergent pour préserver et valoriser ce patrimoine exceptionnel :
- Association « Les Amis du Viaduc » : organise des visites guidées et sensibilise à la sauvegarde
- Projet de passerelle piétonne : étude de faisabilité pour permettre la traversée à pied
- Circuit touristique thématique : intégration dans les parcours patrimoniaux départementaux
- Documentation historique : collecte de témoignages et archives pour préserver la mémoire
Les collectivités locales, notamment le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme, étudient régulièrement des solutions de reconversion, tout en préservant l’intégrité architecturale de l’ouvrage.
Récit d’une renaissance touristique : le Viaduc, nouveau repère pour les passionnés d’histoire et de nature
Depuis sa fermeture ferroviaire, le Viaduc des Fades attire une nouvelle génération de visiteurs. Randonneurs, photographes et passionnés de patrimoine industriel convergent vers ce site unique. Les sentiers aménagés offrent des points de vue spectaculaires sur l’ouvrage et la vallée de la Sioule.
Cette reconversion touristique s’inscrit dans une démarche plus large de valorisation du patrimoine industriel auvergnat. Le viaduc symbolise désormais la capacité de réinvention des territoires ruraux, transformant un vestige ferroviaire en attraction culturelle et naturelle.
Les projets futurs envisagent l’aménagement d’un centre d’interprétation dédié à l’histoire ferroviaire régionale, positionnant le Viaduc des Fades comme un véritable conservatoire de la mémoire industrielle française. Cette renaissance confirme que les grands ouvrages d’art transcendent leur fonction originelle pour devenir des symboles durables de l’ingéniosité humaine.






